Les types de diffusion

Cet article a été publié initialement sur le site d’Artère, puis mis à jour par la Machinerie.

Produire de l’art, c’est bien. Le diffuser, c’est encore mieux!

La diffusion permet de familiariser le public avec vos œuvres, développer de nouveaux auditoires et promouvoir votre travail.

La diffusion de vos œuvres dans le domaine des arts de la scène (cirque, danse, musique, nouvelles pratiques) et pour les métiers d’art.

Les types de diffusion

Un diffuseur

Un diffuseur est un exploitant de salle ou celui qui loue une salle ou un site extérieur pour y présenter des spectacles. Le diffuseur achète les spectacles à des producteurs et obtient ainsi le droit de les présenter pour un certain nombre de représentations. Le diffuseur assume tous les coûts liés à la présentation (comme la promotion, la location du lieu de diffusion, la billetterie, la sécurité, le soutien technique, etc.) et est entièrement responsable des risques financiers d’une faible assistance au spectacle. Certains diffuseurs s’impliquent cependant davantage auprès des compagnies ou des artistes accueillis en leur offrant toutes sortes d’arrangements.

Un producteur

Le producteur initie un projet artistique et développe un spectacle. Ses responsabilités sont artistiques et financières. Il peut être impliqué dans l’élaboration du spectacle. Il est responsable de trouver le financement et de gérer le budget de la production. C’est lui qui engage l’ensemble du personnel (artistique et technique) nécessaire à la réalisation du spectacle. Le producteur d’un spectacle peut également agir à titre de diffuseur. En danse, le chorégraphe est généralement le producteur du spectacle, alors qu’en théâtre, c’est le metteur en scène qui est aussi fréquemment appelé à être le producteur du spectacle.

La codiffusion

La co-diffusion implique que les coûts et les risques de la présentation ainsi que les profits peuvent être partagés entre l’artiste et le co-diffuseur, selon les termes d’une entente entre les deux parties. Plusieurs lieux de diffusion à Montréal co-diffusent des spectacles. Plusieurs de ces codiffusions sont quand même soumises à un processus de sélection.

L’autodiffusion

À un moment donné dans leur carrière certains artistes choisissent de s’auto-diffuser. En s’auto-diffusant (ou en s’auto-produisant), l’artiste assume la responsabilité financière pour la création et la présentation de son spectacle. Plusieurs lieux (théâtre, salle de spectacle, etc.) à Montréal peuvent être loués dans ce but. Avant de tenter l’auto-diffusion, une autre option pour la présentation de premières œuvres à petit budget peut être de montrer son travail de façon informelle dans un espace alternatif.

La résidence

Lieu qui permet et favorise la recherche, l’expérimentation et la création par des contacts soit avec d’autres artistes, soit avec un environnement particulier. La résidence peut consister en un seul prêt d’espace et parfois inclure une équipe technique fournie par le lieu. Quelquefois, l’accueil en résidence permet même de présenter son travail afin de tester la réaction du public. Ainsi, les services offerts en résidence varient d’un endroit à l’autre et doivent être négociés avec l’organisme d’accueil.

Comment bien choisir le bon type de diffusion?

Avant d’entreprendre vos démarches, posez-vous les questions suivantes : 

  • Quelles sont les orientations artistiques de ce lieu?
  • Qui sont les artistes diffusés ?
  • Qui est le directeur ou la directrice de ce lieu ?
  • Ce diffuseur programme-t-il des artistes de la relève ou non ?

Comment approcher un diffuseur ?

Après avoir déterminé les diffuseurs éventuels, communiquez avec eux par téléphone ou par courriel et faites leur parvenir des renseignements simples, brefs et visuellement attrayants sur votre spectacle. Généralement, vous devez soumettre votre dossier au moins un an à l’avance. Pensez à systématiquement inviter les diffuseurs à vos représentations dans d’autres lieux de diffusion. Sachez aussi qu’il n’est pas nécessaire de négocier les cachets lors de la première rencontre avec un diffuseur.

Réseaux de diffusion

Sur le territoire de l’Île de Montréal

Réseaux québécois

Réseaux canadiens

Pour obtenir plus d’informations concernant les réseaux de diffusion au Québec et ailleurs au Canada, consultez l’article Cartographie des réseaux de diffusion de la Machinerie ainsi que Module #1 : Aperçu de l’écosystème des arts du Parcours d’apprentissage pour d’autres pistes de réflexion et références en lien avec la diffusion des arts vivants. Par ailleurs, la Caisse à outils propose une variété d’outils pratiques en lien avec la diffusion.

Outils de promotion

Cette section vous offre quelques leçons de base en promotion qui vous seront utiles lorsque vous tenterez d’attirer l’attention des journalistes ou lorsque vous désirerez vous faire connaître auprès d’un diffuseur.

Notez également que certaines associations professionnelles offrent des formations à ce sujet.

Communiqué de presse

Le communiqué de presse est un outil de communication essentiel, en particulier pour tisser des liens avec les médias…

En savoir plus sur le communiqué de presse

Réseaux sociaux

Depuis quelques années, les réseaux sociaux sont devenus des outils incontournables pour se promouvoir sur Internet. Découvrez les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux ainsi que les réseaux les plus influents!

En savoir plus sur les réseaux sociaux

Curriculum Vitae

Le CV est la meilleure façon de vous afficher, de vous vendre. Si certains subventionneurs l’exigent, il est généralement obligatoire lorsque vous postulez pour un prix, une bourse ou pour la diffusion de votre œuvre lors d’un festival.

En savoir plus sur le Curriculum Vitae

Portfolio

Un portfolio est fréquemment employé dans le domaine des arts, en particulier dans la présentation de projets artistiques voués à la diffusion.

En savoir plus sur le portfolio

Dossier de presse

Le dossier de presse est un document destiné aux journalistes, aux subventionneurs, aux diffuseurs et aux producteurs, dans le but de leur fournir des informations sur les productions de la compagnie.

En savoir plus sur le dossier de presse

Pour obtenir plus de renseignements sur les outils de promotion et leur utilisation, consultez les articles de la Machinerie ainsi que le Module #2: Définir son identité artistique et ses communications du Parcours d’apprentissage. Par ailleurs, la Caisse à outils propose une variété d’outils pratiques en lien avec les communications et la promotion du travail artistique.

Droits d’auteur

Cet article a été publié initialement sur le site d’Artère, puis mis à jour par la Machinerie.

Qu’est-ce que le droit d’auteur?

Le droit d’auteur désigne l’ensemble des droits dont jouit le·la créateur·trice sur ses œuvres originales. Le·la titulaire de ces droits est généralement l’auteur·trice de l’œuvre. Le droit d’auteur est conféré à l’auteur·trice à partir du moment où une œuvre originale est créée. Peu importe ce qui survient, l’auteur·trice conserve toujours le droit moral sur l’œuvre, c’est-à-dire que l’on devra toujours reconnaître que l’auteur·trice détient le droit exclusif de reproduire son œuvre créatrice ou de permettre à une autre personne de le faire.

Les créateur·trice·s d’œuvres protégées par le droit d’auteur et leurs héritier·ère·s ont certains droits fondamentaux. Ils·elles ont notamment le droit exclusif d’utiliser l’œuvre ou d’autoriser son utilisation à des conditions convenues. Le·la créateur·trice d’une oeuvre peut interdire ou autoriser:

  • sa reproduction sous diverses formes, par exemple sous forme d’imprimés ou d’enregistrements sonores;
  • son exécution en public, pour les pièces de théâtre ou oeuvres musicales par exemple;
  • son enregistrement;
  • sa diffusion;
  • sa traduction en d’autres langues ou son adaptation (par exemple, transformer un roman en scénario de film).

Qu’est-ce que la propriété intellectuelle ?

Par propriété intellectuelle, on entend les créations de l’esprit: les inventions, les œuvres littéraires et artistiques, mais aussi les symboles, les noms, les images et les dessins et modèles dont il est fait usage dans le commerce.

La propriété intellectuelle se présente sous deux aspects:

  • la propriété industrielle d’une part, qui comprend les inventions (brevets), les marques, les dessins et modèles industriels et les indications géographiques;
  • le droit d’auteur d’autre part, qui comprend les œuvres littéraires et artistiques que sont les romans, les poèmes et les pièces de théâtre, les films, les œuvres musicales, les œuvres d’art telles que dessins, peintures, photographies et sculptures, ainsi que les créations architecturales. Les droits connexes du droit d’auteur sont les droits que possèdent les artistes interprètes ou exécutant·e·s sur leurs prestations, les producteurs d’enregistrements sonores sur leurs enregistrements, et les organismes de radiodiffusion sur leurs programmes radiodiffusés et télévisés.

Quels sont les types de droits d’auteur?

Droits généraux

Droits moraux

Les droits moraux incluent trois droits principaux, soit le droit d’attribution, le droit à l’intégrité de l’œuvre et le droit d’association.

Droits patrimoniaux

Droits pour l’auteur·trice d’une œuvre d’obtenir une juste rémunération suite à l’exploitation de cette œuvre. Ces droits peuvent être cédés ou concédés.

Arts de la scène

Droits de représentation

Par exemple, la représentation d’une pièce de théâtre, dans son intégralité ou partiellement, devant un public payant ou non payant;

Droits d'exécution

Le droit, par exemple, d’exécuter en public un opéra, une pièce de théâtre ou une comédie musicale partiellement ou dans son intégralité;

Droits dérivés

Concernent tout ce qui touche l’exploitation commerciale des dérivés d’une œuvre comme la vente de t-shirts, de calendriers, d’épinglettes, etc.;

Droits de rétribution

Le droit de l’auteur·trice de demander à être rétribué pour la reproduction de son oeuvre;

Droits voisins

Un régime de protection particulier est accordé aux artistes interprètes sur leurs prestations, aux producteurs sur leurs enregistrements sonores et aux entreprises de radiodiffusion sur leurs signaux. Ce sont ces droits dits «voisins» au droit d’auteur puisque les trois catégories de bénéficiaires ne créent pas d’œuvres, mais utilisent des œuvres créées par d’autres comme matière première dans le but de les communiquer par différents moyens.

Arts visuels

Droit d'exposition

Le droit d’exposer publiquement une œuvre. Ainsi, le·la titulaire du droit d’auteur sur des œuvres d’art permet à un diffuseur de présenter publiquement, pendant une certaine période, une ou plusieurs œuvres. Le·la titulaire des droits sur ces œuvres (artiste ou ayant droit) peut demander une compensation financière (redevances pour droit d’exposition) en guise de rémunération.

Droits de reproduction

Versés à un·e artiste si celui·celle-ci autorise un·e utilisateur·trice souhaitant reproduire une œuvre dans un catalogue d’exposition, un magazine ou pour produire une affiche, une carte postale, etc. Les droits de reprographie font partie des droits de reproduction. Ils représentent une redevance pour la reproduction d’une œuvre sur un support papier et ensuite photocopiées.

Droits de télécommunication et de représentation publique

Lorsqu’un·e artiste autorise, par exemple, un musée à diffuser une œuvre sur son site web ou si le·la réalisateur·trice d’un film demande l’autorisation d’inclure l’œuvre d’un·e artiste dans le film qu’il prépare.

Qu’est-ce que la libération des droits ?

Lorsqu’un·e artiste réalise une œuvre, il·elle peut décider d’y inclure des extraits d’éléments textuels ou visuels, de la musique, des archives qui ne lui appartiennent pas. Il·elle doit conclure une entente lui permettant l’utilisation des extraits des œuvres appartenant à d’autres artistes. Une telle entente décrit les termes et le coût de l’utilisation de ces extraits.

Parfois, si l’œuvre contient une bande sonore originale composée par un·e artiste, en plus de libérer le droit d’utilisation, l’artiste pourrait avoir à payer des droits mécaniques de reproduction ou des droits de suite au·à la compositeur·trice.

Si un·e artiste décide d’adapter un livre pour écrire son scénario, il·elle doit conclure une entente avec l’auteur·trice du livre avant d’avoir le droit d’agir ainsi et à lui verser certains droits de suite.

Finalement, lorsqu’il·elle embauche des artistes interprètes qui sont membres d’un syndicat, c’est-à-dire des acteur·trice·s, des danseur·euse·s ou des cascadeur·euse·s, il·elle doit signer un contrat avec chacun d’eux·elle qui contient non seulement les termes de rémunération, mais également les redevances qui doivent être versées.

Qu’est-ce qu’une société de gestion de droits ?

Percevoir ses redevances est une tâche extrêmement complexe. Vous n’avez pas nécessairement le temps ni la patience de le faire. Engager une société de gestion peut être une avenue avantageuse pour vous assurer que vous touchez l’argent qui vous est dû lors de la reproduction de vos œuvres.

La plupart des sociétés de gestion de droits offrent ce service gratuitement. Il s’agit de leur faire part de l’existence de votre œuvre et de votre paternité sur celle-ci pour recevoir des droits de reproduction.

Certaines sociétés de gestion de droits offrent à chaque artiste un montant forfaitaire basé sur une moyenne établie selon la catégorie d’artiste à laquelle il·elle appartient (débutant, intermédiaire, avancé). D’autres font le décompte précis du nombre de fois où votre œuvre a été reproduite et vous rémunèrent en conséquence. Il peut aussi s’agir d’une combinaison de plusieurs formules.

Dans tous les cas, il est avantageux pour vous de céder la gestion de vos droits à un organisme indépendant. Vous pourriez être surpris des revenus supplémentaires que cela rapporte!

À la recherche du financement

Cet article a été publié initialement sur le site d’Artère, puis mis à jour par la Machinerie.

Le financement public

Une bourse, c’est un soutien financier non remboursable accordé à une personne dans un but d’étude ou de réalisation de projets.

Une subvention, c’est une aide financière ou une somme d’argent allouée par une institution publique ou privée à une personne ou à un groupe. Les subventions sont divisées en deux grandes catégories:

  • Les subventions de soutien au fonctionnement, qui sont accordées aux centres d’artistes et organismes à but non lucratif déjà établis;
  • Les subventions de soutien au projet, qui sont accordées, le temps d’un projet, aux organismes à but non lucratif ainsi qu’aux artistes professionnel·le·s.

Le financement privé

  • Un don, c’est une somme d’argent remise sans attente en retour. Les fondations et entreprises privées en donnent aux artistes soit pour promouvoir les arts, pour soutenir un artiste en qui elles croient, ou encore pour avoir droit à un allègement fiscal.
  • Le mécénat est un soutien financier accordé par une personne physique ou morale pour promouvoir ou réaliser une activité à but non lucrative. Le terme mécénat est plus généralement utilisé dans le secteur des arts et de la culture et permet, plus souvent qu’autrement, de financer la production d’une œuvre artistique à l’aide d’un don.
  • Une commandite est une contribution en argent ou en service donnée en échange de visibilité ou d’un service équivalent. Vous pouvez par exemple proposer à une entreprise privée de financer une partie de votre projet ou de fournir des services dans la réalisation de celui-ci en échange d’un espace publicitaire dans le programme de votre événement.
  • Le programme de parrainage fiscal est un outil permettant aux organismes artistiques professionnels (OBNL) qui ne sont pas enregistrés à titre d’organismes de bienfaisance à l’Agence de revenu du Canada de bénéficier du support du Conseil des arts de Montréal afin d’augmenter leurs revenus.
    Les organismes bénéficiaires du parrainage fiscal agissent à titre de mandataires du Conseil dans ses activités de collecte de fonds auprès du secteur privé. Le programme stimule ainsi les dons d’individus, de fondations et d’entreprises par le biais d’activités bénéfices et/ou de sollicitation directe menées par les mandataires.
  • Une activité bénéfice est développée afin de générer des contributions qui dépassent les coûts de réalisation (ex: spectacle bénéfice, souper bénéfice, encan, défi sportif, etc.).

Comment rédiger votre demande de financement?

Voici quelques conseils:  

  • Assurez-vous que vos idées soient claires et structurées. Soyez concis·e et évitez les répétitions. Lors de la rédaction de votre demande, gardez en tête les critères d’évaluation du programme. Mettez-vous à la place du comité d’évaluation qui a beaucoup de demandes à évaluer.
  • Faites-vous relire et assurez-vous qu’il n’y a pas de faute.  
  • Prenez-vous d’avance pour remplir votre demande. Les demandes envoyées après la date limite ne sont pas acceptées. 
  • Vérifiez que votre dossier soit complet avec toutes les annexes demandées. Les dossiers incomplets ne sont pas retenus.  
  • Avant de déposer une demande, il est toujours mieux de contacter le·la responsable du programme pour valider votre admissibilité et poser vos questions.  
  • Même si votre projet est refusé, ne vous découragez pas. N’hésitez pas à contacter le·la responsable du programme afin de recueillir les commentaires pour vous améliorer. 
  • Rentrez en contact avec l’association de votre discipline afin de connaître tous les outils et ressources mis à votre disposition (exemple : les sessions d’écriture de demande de financement). 
  • Remplir toutes les demandes possibles de subventions peut s’avérer une perte de temps. Bien comprendre les objectifs de chaque programme et les critères d’évaluation avant de déposer.  
  • Trouvez-vous un·e mentor·e pour vous aider, quelqu’un qui a l’expérience avec les demandes de subvention.

 

Pour plus d’informations en lien avec la préparation de demandes de financement, consulter l’article Quelques clés pour rédiger une demande de subvention de la Machinerie ainsi que le Module #5 La rédaction de demandes de subventions : comment faire? du Parcours d’apprentissage. Par ailleurs, la Caisse à outils propose une variété d’outils pratiques en lien avec les demandes de financement, dont l’outil 281 | Guide d’introduction aux demandes de subvention.

La gestion administrative

Cet article a été publié initialement sur le site d’Artère, puis mis à jour par la Machinerie.

Vous trouverez dans cette section une foule d’outils permettant de gérer votre carrière ou votre compagnie artistique.

Création d’une compagnie

Survol des avantages et des inconvénients des différentes formes juridiques, soit la coopérative, le collectif, l’entreprise en nom collectif ou individuelle et l’OBNL.

En savoir plus sur la création d’une compagnie

Gestion financière

La gestion financière est indispensable pour la budgétisation de vos projets, la recherche de financement, le contrôle des dépenses et des rapports financiers exigés par les bailleurs de fonds. 

En savoir plus sur la gestion financière

Budget prévisionnel

Le budget prévisionnel consiste à prévoir les coûts, en termes de revenus et dépenses prévus pour une activité ou une période donnée. Voilà un exercice plutôt simple et fort utile pour les artistes et les compagnies qui désirent obtenir du financement!

En savoir plus sur le budget prévisionnel

Contrats de travail

Qu’est-ce qu’un contrat? Quels sont les types de contrats?  Pourquoi est-ce important d’en signer?

En savoir plus sur les contrats de travail

Assurances

Une assurance peut vous protéger dans plusieurs cas. Dès que vous faites l’acquisition d’équipements de bureautique ou de production, ou si vous louez des équipements, vous devez contracter une assurance pour la durée de l’utilisation des équipements.

En savoir plus sur les assurances

Pour obtenir plus de renseignements sur l’administration, consultez les articles de la Machinerie ainsi que le Parcours d’apprentissage en 8 modules portant sur les incontournables de la gestion des arts. Par ailleurs, la Caisse à outils propose une variété d’outils pratiques en lien avec la gestion et l’administration.

Statut de l’artiste

Cet article a été publié initialement sur le site d’Artère, puis mis à jour par la Machinerie.

Les informations partagées dans cet article sont valides au moment de sa mise en ligne en août 2023. Les dispositions actuelles de la Loi visant à moderniser et à harmoniser les règles relatives au statut professionnel de l’artiste du Québec sont en partie contestées par certains secteurs du milieu culturel et peuvent être appelées à évoluer.

Statut de l’artiste

Les créateur·trice·s et les interprètes visé·e·s par cette loi jouissent du statut de travailleur·e autonome dans la mesure où, pour l’exercice de leur art, ils·elles s’engagent habituellement envers un ou plusieurs producteurs, au moyen de contrats portant sur des prestations déterminées.

La Loi canadienne sur le statut de l’artiste est divisée en deux parties: la première traite de la reconnaissance par le gouvernement du Canada du statut professionnel des artistes et de certains droits fondamentaux qui leurs sont conférés et la deuxième, d’un régime de relations de travail visant les artistes et les «producteurs qui retiennent les services d’un ou plusieurs artistes en vue d’obtenir une prestation».

Au Québec, la Loi visant à moderniser et à harmoniser les règles relatives au statut professionnel de l’artiste, communément appelée Loi 35 et adoptée en 2022, constitute dans les faits une loi unique fusionnant les deux anciennes lois sur le statut professionnel de l’artiste datant de 1987 et 1988. Elle ajoute aussi des dispositions visant à mieux protéger les artistes en matière de harcèlement psychologique et sexuel et en matière de relations de travail, tout en élargissant le régime de négociation d’ententes collectives aux domaines des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature.

L’objectif commun de ces deux lois est de mettre en place un régime de négociations collectives quant aux conditions de travail minimales concernant, entre autres, la rémunération des artistes.

Les lois québécoise et fédérale ont mis en place une procédure de reconnaissance de diverses associations d’artistes par deux organismes administratifs: le Tribunal administratif du travail au provincial et le Conseil canadien des relations industrielles au fédéral.

Les différents statuts

Travailleur·e autonome

Le·la travailleur·e autonome est une personne qui, en vertu d’une entente verbale ou écrite, s’engage envers une autre personne, son client, à effectuer un travail matériel ou à lui fournir un service moyennant un prix que le client s’engage à lui payer.

Avantages
  • Vous êtes indépendant;
  • Vous êtes titulaire de vos droits d’auteur et vous pouvez bénéficier d’une déduction annuelle de vos revenus de droits d’auteur;
  • Vous êtes admissible à certaines déductions d’impôts.

Inconvénients
  • Vous n’avez pas droit à l’assurance-emploi.
  • Vous n’avez pas droit à certains avantages sociaux (les vacances payées);
  • Vous assumez vos propres dépenses;
  • Dans certains cas, vous fournissez votre propre matériel.

Travailleur·e salarié·e

Le·la salarié·e est une personne qui s’engage à exécuter un travail, à temps plein ou à temps partiel, pour le compte d’un employeur, en contrepartie d’un salaire ou d’un traitement, pour une période limitée ou indéterminée.

Avantages
  • Vous avez droit à l’assurance-emploi;
  • Vous avez droit à certains avantages sociaux (comme les vacances payées ou les assurances collectives);
  • L’employeur assure toutes vos dépenses liées au travail;
  • L’employeur fournit le matériel.

Inconvénients
  • Vous n’êtes pas titulaire de vos droits d’auteur et vous ne pouvez pas bénéficier d’une déduction annuelle de vos revenus de droits d’auteur sur les œuvres créées dans le cadre de votre travail en tant que salarié;
  • Vous n’avez pas droit aux déductions d’impôts autres que celles qui sont prévues dans les déclarations de revenus des salariés.

Comment incarner son identité artistique publiquement?

Les activités du mois de novembre et de décembre étaient orientées autour de l’identité artistique. Au cours de cette série, la Machinerie a réalisé une entrevue avec 2Fik, un artiste dont la personnalité embrasse l’ensemble de ses créations, et en devient même le fil rouge. Nous vous proposons ici un retour sur l’inspirant café-causerie auquel il a participé.

temps de lecture : 8 minutes

Machinerie : Pourrais-tu nous présenter ton histoire en tant qu’artiste? Comment ta pratique artistique s’est développée?

2Fik : Ce qui est très intéressant, c’est que mes études faites en France, qui ne m’ont servies en rien pour ma carrière professionnelle au Québec, me servent enfin en tant qu’artiste. J’ai étudié en communication et en publicité ; j’ai donc toujours été très intéressé par le concept de produit et sur les façons de faire de la mise en marché envers une clientèle.
Je suis arrivé au Québec en 2003 et malheureusement, mes diplômes n’ont pas été reconnus. Je me suis retrouvé dans le milieu communautaire et j’y ai travaillé pendant 15 ans. C’est en parallèle à ce passage dans le milieu communautaire que j’ai commencé à développer une pratique artistique dans laquelle je me mettais en scène en train d’incarner physiquement des personnages. Je dis personnages, car initialement il n’y avait pas de noms, de personnalités. C’était vraiment juste pour jouer, ainsi qu’une façon de faire un détournement de l’autoportrait. J’ai commencé à jouer avec mon physique et avec des costumes, ce qui m’a amené à développer ma démarche artistique autour de l’identité.
Aussi, c’est intéressant de voir la perception que les gens ont de la personne derrière l’œuvre. Maintenant, j’ai créé tellement de personnages qu’on ne sait plus quelle est ma véritable identité. Je pense que j’ai bien réussi à disparaître en tant qu’individu. Beaucoup de gens sont surpris de voir qu’au quotidien je ne suis pas en hijab et en talons! Et c’est au moment où j’ai ancré mon identité d’artiste que j’ai commencé à communiquer celle-ci publiquement.

Machinerie : Comment ta vie personnelle enrichit-elle ta pratique artistique?

2Fik : Il fut une époque où ma vie personnelle souffrait de ma vie artistique. Je suis un homme cis homosexuel nord-africain. J’appartiens, entre autres, à la communauté gaie. La perception de mon travail artistique avait des effets directement sur la perception de ma masculinité et de ma personne. Pour beaucoup d’hommes, je n’étais plus véritablement un « homme », car je portais des robes. Au début de ma carrière, ces jugements m’atteignaient. Je ne suis pas que l’artiste, je suis aussi l’être humain. Il y avait tellement de choses que je faisais pour mon travail qui avaient un impact sur mon quotidien qu’à un moment je me suis demandé si je n’étais pas devenu une œuvre d’art ambulante; à un point tel que j’ai dû faire une délimitation entre mon travail artistique et « moi ». D’un autre côté, je pense que mon travail artistique m’a permis d’être extrêmement confortable avec mon physique, mon corps, mon visage. Grâce à cela, j’ai un véritable détachement face à mon image.

Machinerie : L’interdisciplinarité fait partie intégrante de ton identité artistique. Est-ce que tu définis comme un artiste visuel? Un artiste de la performance? Un artiste multimédia?

2Fik : Je ne peux pas répondre à cette question. Au début, je disais que j’étais un artiste autodidacte. Puis autoproduit. Ensuite, un artiste visuel. Après cela, j’ai commencé à faire de la vidéo, alors j’ai intégré le terme multidisciplinaire. Malgré toutes ces étiquettes, je trouve toujours ces termes trop réducteurs. On aime tellement mettre des étiquettes sur tout, alors que dans ma démarche, j’essaie justement de briser les étiquettes qu’on peut poser sur des gens. Maintenant, je dis simplement « Artiste ».

Machinerie : Tu as une personnalité médiatique qui ne se contraint pas à l’écosystème des arts vivants. Peux-tu nous parler des autres communautés qui suivent tes créations?

2Fik : C’est intéressant que tu soulignes que je touche une diversité de communautés. Je l’ai particulièrement constaté avec ma campagne de sociofinancement. J’ai été très surpris de la diversité des profils de mes donateurs et donatrices : autant des grands collectionneurs adeptes de Cindy Sherman que des étudiants aux moyens plus limités. Puis, je pouvais pratiquement replacer mon passage dans différentes régions : du Texas à l’Irlande! J’y voyais une liste de personnes que je ne connaissais pas, mais que j’avais eu l’occasion de rencontrer, par exemple, pendant une performance.

L'enjeu que j'ai et qui m'habitera toujours est : comment ne pas me répéter? J'essaie de me réinventer à chaque œuvre.

Machinerie : Est-ce que tu t’adresses à toutes ces communautés?

2Fik : Oui, j’y tiens. Je m’adresse à tous ces gens de la même façon, et c’est ancré en moi depuis le début de ma pratique. Je soutiens que l’art doit être accessible à tout le monde, sans exception. Il est vital que je prenne autant le temps de discuter avec un grand collectionneur qu’avec une mère de famille, par exemple. Je viens d’une famille qui n’est pas du tout artiste. Mon père est boulanger-pâtissier, et ma mère est au foyer. Je me rappelle encore de la fois ou j’ai dit à mes parents que je voulais visiter le Louvre, et qu’ils m’ont répondu que « ce n’était pas un endroit pour des gens comme nous ». L’art doit être là où on ne l’attend pas, pour éviter ce genre de situation. Maintenant, des décennies plus tard, mon père parle de ma démarche artistique à son entourage!

Machinerie : Ton identité individuelle est intrinsèquement liée à ton identité artistique. Comment vis-tu cela dans l’espace public?

2Fik : Il faut faire le deuil d’une certaine tranquillité. C’est-à-dire que je crée une œuvre, mais je ne suis pas mon œuvre. Par contre, je sais que mon corps, mon physique, c’est celui que le public voit dans les photos. Par conséquent, je dois être prêt à tout moment à être contraint de passer de Toufik (l’humain) à 2Fik (l’artiste). Il faut faire le deuil d’être perçu comme un individu anonyme. Cependant, je considère que si quelqu’un prend le temps de venir me parler ou me poser des questions, je vais lui donner mon attention. Ça prend du courage, aller parler à un inconnu. Cette personne a aussi certainement un point de vue qui va m’intéresser, je vais apprendre quelque chose de cette personne.

Machinerie : En tant qu’artiste, c’est toujours difficile de retracer ton public. Penses-tu que tu as un public?

2Fik : Oui, je pense que j’ai un public. Est-ce que ce public est homogène? Je ne crois pas et c’est ce que j’adore. Je crois que la raison pour laquelle ça fonctionne, c’est que je suis totalement sincère dans ce que je fais. J’ai une grande foi en ma pratique artistique. Je crée non pas pour satisfaire un public, mais parce que j’assume et je crois en ce que je fais. J’arrive à toucher une multitude de gens parce que je suis entièrement transparent dans ma façon de créer. Je crois sincèrement que le public peut sentir quand une œuvre a été bâclée ou qu’elle ne répond pas à une impulsion authentique de l’artiste. J’ai développé un public qui apprécie mon art, et pas seulement la personne derrière la création.

Machinerie : Comment tes œuvres artistiques façonnent-elles ton image de marque? Et à l’inverse, est-ce que ton image de marque vient nourrir ta pratique artistique?

2Fik : L’un vient nourrir l’autre, et vice versa. Et ça peut être un cercle vertueux, tout comme ça peut être un cercle vicieux.
Aussi, j’ai un processus créatif qui est très lent. Par exemple, il faut attendre que ma barbe pousse avant de faire une certaine performance. Puisque mon processus créatif est long, je prends des mois à réfléchir à l’œuvre, et tout ce qui l’entoure. Dès que je passe à l’acte, tout se déroule très naturellement, car mon processus est solide a été pensé d’avance. L’œuvre est donc pensée en adéquation avec la promotion qui y est rattachée.

Machinerie : Vis-tu des enjeux dans ta mise en marché?

2Fik : L’enjeu que j’ai et qui m’habitera toujours est : comment ne pas me répéter? J’essaie de me réinventer à chaque œuvre. Par exemple, j’ai toujours travaillé seul, j’ai toujours assumé tous les rôles de mes créations : styliste, modèle, photographe, montage photo, etc. Avec le temps, je fais des projets de plus en plus gros et, pour la première fois, je vais avoir des collaborateurs (pour la scénographie, la lumière, le son). Cette nouveauté me fait peur et je trouve cela très sain. Si on a pas peur, ça veut dire qu’on ne sort pas de sa zone de confort en tant qu’artiste. Je crois véritablement que c’est important de se mettre en danger. Et le jour où je me mettrai confortable, c’est le jour où mes œuvres deviendront franchement plates!

2Fik est directeur artistique, photographe, modèle et performeur de ses œuvres qui jouent avec la réalité, les genres, les identités, les croyances, les sexualités et les perceptions. Ses travaux incluent la photographie, la performance, la vidéo et les arts numériques.

Comment se distinguer pour attirer la main-d’oeuvre?

L’équipe de La Machinerie a rencontré Valérie Beaulieu, directrice générale de Culture Montréal. Elle nous partage une partie de sa vision des ressources humaines et ce qui lui semble essentiel lors de tout processus de recrutement.

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Machinerie : Le recrutement et la gestion des ressources humaines sont des sujets qui semblent vous intéresser particulièrement, pouvez-vous nous en dire plus?

Valérie : J’ai toujours l’impression qu’avec chaque processus de recrutement vient une sorte d’excitation. Accueillir une nouvelle ou un nouveau collègue dans l’équipe, c’est comme si on ouvrait de nouvelles possibilités, de nouveaux potentiels. Dans le cas d’un poste existant, la personne qui quitte le poste en question a souvent bâti des choses, a injecté sa personnalité dans le travail, et là, c’est l’occasion de questionner, de voir où on est rendu avec ce rôle-là dans l’équipe, de voir ce qu’on veut bonifier, etc. Parce qu’un descriptif de poste, c’est très théorique, mais dans la pratique, les choses sont souvent différentes, que ce soit dans les tâches, dans la synergie avec les collègues, etc. Une démarche de recrutement permet donc de faire une mise à jour du poste. Je vois le recrutement comme un processus d’amélioration continue de l’organisation, que ce soit lors de la création d’un nouveau poste ou pour un remplacement. C’est l’occasion de peaufiner les rôles de chacun·e, de s’assurer de la complémentarité au sein de l’équipe, de faire un bilan. C’est donc toujours excitant, car c’est la possibilité d’accueillir une nouvelle énergie au sein de l’équipe, une personne qui va venir mettre sa touche et avec qui on va bâtir quelque chose. On espère donc trouver LA bonne personne pour compléter l’équipe. Pour ça, il faut s’assurer d’être suffisamment attractif pour recevoir le maximum de curriculum vitae intéressants.

Machinerie : Justement, en termes de recrutement, comment une organisation s’assure-t-elle d’être attractive, de se distinguer, pour attirer les bonnes personnes?

Valérie : Tout d’abord, je pense qu’on est attractif lorsqu’on est vrai et authentique avec ce qu’on est en tant qu’organisation. Selon moi, la description du poste, l’affichage doivent refléter réellement l’essence de l’organisme pour que les personnes qui font le processus d’embauche ou qui arrivent en poste ne soient pas déçues ou n’aient pas l’impression d’avoir été « bernées ». Il me semble donc important que l’affichage corresponde le plus possible à la réalité. À Culture Montréal, nous intégrons toujours un petit paragraphe au début des affichages de postes qui explique ce que cela veut dire travailler chez nous. On mentionne par exemple qu’on est une petite équipe formée de personnes passionnées et que nous sommes souvent amené·e·s à travailler en collaboration sur les dossiers. J’ai également remarqué lors des derniers recrutements que les candidat·e·s consultent beaucoup notre site web et en particulier la section sur les valeurs de l’organisation. J’ai réalisé à quel point c’est un élément important à mettre de l’avant. Souvent, ces personnes mentionnent en entrevue qu’elles se sentent en adéquation avec les valeurs de Culture Montréal, que c’est ce qu’elles recherchent, etc.

Ensuite, il faut s’assurer de diffuser les affichages de postes dans le maximum de réseaux. Nous avons de la chance chez Culture Montréal car nous recevons toujours beaucoup de candidatures, mais nous voulons élargir encore davantage nos listes de diffusion afin de rejoindre des personnes qui ne sont pas forcément dans nos réseaux habituels et nous assurer de recevoir des candidatures diversifiées. Nous sommes d’ailleurs actuellement en train de restructurer notre chantier « inclusion, représentativité et diversité ».

Finalement, nous tenons à ce que tout le processus de recrutement soit fait dans le plus grand des respects : j’ai des gens dans mon entourage qui ont cherché ou cherchent un emploi et je sais que ça peut être parfois douloureux… À Culture Montréal, toutes les personnes qui envoient leur curriculum vitae reçoivent un accusé de réception, et à partir du moment où des candidat·e·s nous ont accordé du temps pour une entrevue, nous les contactons tous par téléphone pour faire un suivi. On ne laisse personne sans nouvelle. Nous indiquons également toujours dans l’affichage que tous les curriculum vitae seront lus avec attention. Et c’est vrai, on prend le temps de tous les regarder et on essaie d’aller au-delà des biais qu’on pourrait avoir. Par exemple, on peut avoir tendance à rechercher des gens qui connaissent bien notre secteur d’activités. Or, quelqu’un qui connaît très bien le secteur, ça ne peut pas être un·e nouvel·le arrivant·e… Donc, j’essaie toujours d’aller au-delà de ça, de me dire que dans mon équipe j’ai déjà plusieurs personnes qui connaissent le milieu, et qu’une approche différente pourrait être intéressante. À Culture Montréal, on réfléchit au développement culturel. En ce sens, avoir des candidat·e·s qui viennent d’ailleurs, qui ont un autre genre d’expérience, est très enrichissant.

Je vois le recrutement comme un processus d'amélioration continue de l’organisation, que ce soit lors de la création d’un nouveau poste ou pour un remplacement.

Machinerie : Et dans le milieu des arts et de la culture, qui fait face à des enjeux particuliers, comment s’assurer de cette attractivité?

Valérie : C’est vrai qu’on n’est pas nécessairement un milieu facile par rapport à d’autres, si on parle par exemple des conditions salariales, mais nous avons la chance d’être dans un univers de passion. J’ai souvent des candidat·e·s qui délaissent un secteur plus lucratif car ils veulent vraiment travailler en culture. Ce sont des gens qui font ce choix presque par vocation. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’on peut abuser des gens. Je pense que comme employeur·e du milieu des arts et de la culture, ce que nous pouvons faire pour nous distinguer, c’est d’offrir un bon climat de travail. Pour moi, c’est la chose la plus importante, non négociable. Un élément sur lequel on doit travailler tous les jours, tous ensemble. Comme directrice générale, j’ai l’obligation bien sûr de « montrer l’exemple », de veiller à ce que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. On passe tellement de temps au travail, on ne peut pas tolérer un climat toxique.

Et la notion d’accueil est importante aussi. La façon dont on accueille un·e nouvel·le employé·e., que ce soit à distance en ce moment à cause de la pandémie, ou dans les bureaux. Tout mettre en œuvre pour que leur première journée, leur première semaine, leur premier mois se passent bien. Un « mauvais » accueil, ou un accueil un peu raté, peut avoir une incidence négative à long terme sur la relation qu’on a avec l’employé·e. C’est quelque chose qui est difficile à rattraper.

Machinerie : Le processus de l’entrevue peut être intimidant pour certaines personnes. Comment travaillez-vous ces étapes?

Valérie : Je m’assure de donner toutes les chances à la personne et de faire en sorte qu’elle se sente en confiance. Je commence souvent les entrevues en demandant à la candidate ou au candidat de m’expliquer un petit peu son parcours professionnel, de me raconter une histoire en fait, son histoire, et ce qui fait qu’aujourd’hui il ou elle se retrouve dans mon bureau. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses et cela donne le temps à la personne de se mettre en route et à la nervosité de tomber. Après ces premières minutes, j’ai souvent un meilleur accès à sa personnalité, je comprends son parcours, ses choix. Ça me permet aussi de voir si elle a l’esprit de synthèse, sa façon de s’exprimer, etc. Pour moi, une entrevue, c’est un dialogue, un échange. J’ai bien sûr des questions, mais ce n’est pas unidirectionnel. C’est une conversation et je m’assure de prendre le temps qu’il faut pour cela, pour que la personne sente qu’elle peut être elle-même dans cette entrevue, car je veux voir qui sont les gens, avoir accès à leur personnalité. En processus de sélection, on regarde bien sûr les expertises, les compétences, les intérêts, mais aussi la complémentarité avec le reste de l’équipe.

Machinerie : La candidate idéale ou le candidat idéal n’existe sans doute pas, mais selon vous, quels sont les éléments qui font qu’une personne s’en rapproche?

Valérie : À Culture Montréal, on s’intéresse à la culture à 360 degrés et on travaille beaucoup de contenus, donc cela ne prend pas des experts en tout, mais plutôt des gens curieux, passionnés par le développement culturel, par Montréal, par la ville. Et ça, peu importe le poste. C’est important afin que tout le monde se sente bien dans ce qu’il·elle fait. Et puis, bien sûr, en entrevue, on présente notre organisation et sa dynamique interne : le rapport entre l’équipe permanente et le conseil d’administration formé de 21 personnes, l’importance des bénévoles (plus d’une centaine) au sein de Culture Montréal, etc. On s’assure que ces éléments soient bien compris par les candidat·e·s. De même, on mentionne le rythme de travail soutenu et la nécessité de rester flexible puisque nous sommes tributaires de l’actualité et de son impact sur notre écosystème. Nos priorités peuvent donc changer du jour au lendemain. J’aime mieux que ces choses soient exposées tout de suite et que la personne puisse juger si cela lui convient ou pas.

Machinerie : Selon vous, y a-t-il un type de relation employé·e / employeur·e à privilégier pour avoir un impact sur son milieu?

Valérie :Je suis directrice générale, mais je considère que chaque individu dans l’équipe a vraiment une responsabilité importante, que sans cette personne, on n’est pas la même organisation. J’essaie donc de privilégier les relations de confiance. Après tout, moi, je me réalise bien quand je sens que les gens ont confiance en moi, donc, j’estime que c’est la même chose pour mon équipe. Je m’assure que tous et toutes sentent que j’ai confiance dans leur travail et leurs décisions. J’ai été accompagnée à un moment par une consultante en ressources humaines et elle m’a fait remarquer quelque chose de majeur : l’organigramme dans une structure, ce ne devrait pas être la direction en haut et les employé·e·s en bas. C’est le contraire, c’est la direction qui est en bas et qui doit s’assurer que tout le monde a tout ce qu’il faut pour bien faire son travail. L’essentiel de mon travail au quotidien, c’est d’être en soutien à mon équipe pour que chacun et chacune puisse mener à bien ses dossiers et ses projets. Ça, ça a été une révélation.

Durant un parcours de plus de 15 ans axé sur les communications et la gestion, principalement dans le milieu culturel montréalais, Valérie Beaulieu a joué plusieurs rôles. À la fois comédienne et travailleuse culturelle, elle a été responsable des communications et des relations avec les citoyens pour le Théâtre Aux Écuries, ainsi que directrice des communications pendant quatre ans pour le Festival du Jamais Lu. Elle a œuvré également en entreprise où elle a donné des formations de prise de parole en public.

En 2011, elle a cofondé l’organisme La Ligne Bleue | Réseaux et quartiers culturels qu’elle a dirigé pendant trois ans. Depuis, elle a été consultante en direction de projets et communication notamment au sein d’organisations comme l’École de l’innovation citoyenne de l’ÉTS et la Corporation de développement urbain du Faubourg Saint-Laurent où elle a assumé la direction générale par intérim. Valérie Beaulieu assure la direction générale de Culture Montréal depuis 2016. 

Pérenniser une équipe de travail par une gestion agile

En terme de gestion des ressources humaines, il existe de nombreux modèles et l’important est de choisir celui qui servira le mieux notre organisme et notre équipe.

Nous avons réalisé une entrevue avec Rachel Billet, directrice générale de la Machinerie, pour qu’elle nous partage ses idées sur la question, l’expérience qu’elle acquiert progressivement dans cette organisation et quelques pistes pour une gestion harmonieuse des ressources humaines.

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Machinerie : Un des gros enjeux en ressources humaines est souvent de parvenir à mobiliser une équipe de façon pérenne. Comment est-ce possible selon toi?

Rachel : Pour mobiliser une équipe de façon pérenne, il faut d’abord trouver les bonnes personnes pour constituer une équipe. C’est la base. Plutôt que chercher des compétences, des habiletés ou chercher à atteindre un haut taux de productivité, je pense qu’on devrait avant tout chercher des personnalités, des profils de personnes qui vont s’impliquer dans l’organisation et partagent notre vision et nos valeurs. Je crois aussi énormément au principe de réciprocité : l’employeur choisit l’employé tout autant que l’inverse. C’est quelque chose que j’ai réalisé lors des derniers recrutements à la Machinerie alors que les dernières recrues ont vraiment fait le choix délibéré de venir travailler dans notre équipe. Après, il peut y avoir un piège dans le recrutement qui consiste à embaucher exclusivement des personnes qui nous ressemblent. Je crois au contraire qu’il faut accepter d’aller chercher des profils qui vont nous déstabiliser et amener des petites confrontations dans les idées, car c’est ce qui va faire grandir l’organisation.

Machinerie : La gestion des ressources humaines dans le milieu des arts et de la culture présente-t-elle des enjeux particuliers? Quelles solutions peuvent être mises en œuvre par les organisations pour pallier ces défis?

Rachel : Dans le milieu des arts et de la culture plus spécifiquement, nous croyons que nos enjeux pour pérenniser des équipes résident dans le manque de ressources financières et matérielles. Il est répandu comme gestionnaire d’accepter un mandat offrant des conditions de travail moindres parce qu’on œuvre dans le milieu stimulant des arts, mais ce n’est pas un choix pérenne! Les expertises que nous portons et notre capacité à œuvrer autant comme grands généralistes que comme grands spécialistes ont une grande valeur. Il y a plusieurs initiatives qui peuvent être mises en place pour pallier cette réalité. La première étape selon moi devrait être la consolidation des équipes déjà en poste. On peut y aller par étape, en proposant par exemple des augmentations annuelles en se basant sur l’indexation du prix à la consommation. Mais on peut penser également à d’autres initiatives au-delà des conditions monétaires, par exemple la flexibilité de l’horaire, la possibilité de faire du télétravail, faire profiter l’équipe d’invitations pour aller voir des spectacles, réserver un budget pour des formations à l’externe pour les employé·e·s, offrir une photographie professionnelle aux frais de l’organisation au début du mandat, etc. Ce sont des petites choses qui peuvent faire la différence et donner envie à quelqu’un de s’impliquer de façon plus pérenne dans une équipe. Ensuite, quand l’équipe en place est bien consolidée, on peut penser entamer un processus de recrutement lorsque des ressources suffisantes sont disponibles.

Machinerie : Mais, même avec de bonnes conditions, le milieu culturel connaît une certaine pénurie de main-d’œuvre.

Rachel : Effectivement. À la Machinerie, nous recevons souvent des demandes d’organisations qui peinent à recruter, alors qu’elles offrent des conditions salariales équivalentes à d’autres secteurs d’activités. Je pense qu’il y a un énorme travail à faire de revalorisation – ou de valorisation car je ne sais pas si ça a déjà été valorisé -, de tous les métiers de gestionnaires culturel·le·s, de tous les emplois complémentaires à l’acte de création, qui contribuent à développer et enrichir notre patrimoine collectif. Je ne sais jamais quoi répondre quand, à la douane ou dans mon entourage par exemple, on me questionne sur mon métier. C’est un métier inconnu, que les gens comprennent mal.

Machinerie : Peux-tu nous parler du type de gestion des ressources humaines qui est mis en place à la Machinerie?

Rachel : À la Machinerie, nous avons adopté un modèle de partage des responsabilités basé notamment sur le principe d’autodétermination. Nous avons tous et toutes été engagé·e·s pour des mandats spécifiques, mais nous sommes très perméables dans la répartition des tâches. Pour chaque mandat, il y a souvent un·e porteur·euse principal·e et deux ou trois porteur·euse·s secondaires qui apportent leur soutien dans la réalisation du projet. Cette façon de travailler permet d’enrichir la vision que j’essaie de porter, qui est en fait la vision des co-fondateur·trice·s de la Machinerie et celle des administrateur·trice·s actuel·le·s du conseil d’administration. Ce n’est pas toujours facile et cela prend du temps car il faut se relancer, se faire confiance et parce que tout le monde travaille un peu à son rythme et avec ses propres méthodes. En tant que direction générale, cela implique de faire preuve de lâcher-prise et d’accepter de ne pas avoir pas le contrôle sur tout. La confiance, c’est ça la clé. Et ça commence par la confiance en soi, en son propre rôle de leader.

Machinerie : Sens-tu que cette méthode a un impact positif dans la réalisation des mandats?

Rachel : Cela prend du temps à instaurer, mais c’est beaucoup plus facile depuis que nous avons commencé à travailler avec un facilitateur de gestion de tâches (Meistertask), et ce, à plusieurs niveaux. Cela m’a par exemple enlevé une charge mentale énorme : tout d’un coup, tout ce qui était dans plein de tiroirs de mon cerveau se retrouvait dans un logiciel organisé pour ça, avec des échéances que tu peux reporter, etc. Cet outil a aussi permis de clarifier le système de porteur·euse de projet. C’est plus facile de jouer le rôle de « chef d’orchestre » et de répartir les projets et les responsabilités entre les membres de l’équipe, et d’assurer le suivi. L’enjeu principal d’une telle gestion est de s’assurer que la répartition des dossiers soit équitable et que chaque personne de l’équipe soit stimulée dans son travail au quotidien. Ce que je souhaite, c’est que la Machinerie soit une sorte de pépinière de gestionnaires culturel·le·s, un tremplin, autant pour des artistes qui veulent se former en administration des arts, que pour des gestionnaires culturel·le·s qui souhaitent développer leurs compétences ou leur ancrage dans le milieu de la culture.

Le plus grand enjeu est donc à mon sens de trouver un style de leadership qui corresponde à sa personnalité, à sa génération. Et de toujours rester 'agile'.

Machinerie : Selon toi, est-ce que le modèle de hiérarchie horizontale pourrait être plus développé dans le milieu de la culture?

Rachel : C’est une bonne question. C’est un modèle assez radical et il faut vraiment y réfléchir collectivement : est-ce que c’est le bon modèle pour notre organisation? Je trouve qu’en ce moment à la Machinerie, on touche à un entre-deux qui fonctionne très bien. 

 Dans le cas des compagnies de création à créateur·trice unique, j’aime beaucoup le concept d’une direction bicéphale – direction générale / direction artistique -, que peuvent compléter de manière ponctuelle des ressources plus spécialisées pour des mandats spécifiques. C’est un modèle auquel je crois beaucoup parce que je crois à la complémentarité. J’ai été dans cette posture de direction générale et c’est très intéressant d’avoir des méthodes et des approches parfois aux antipodes d’une direction artistique, car on voit que ça a un impact positif sur le déploiement de l’organisation.

Machinerie : Tu sembles réfléchir beaucoup également à la façon d’incarner le rôle de direction générale.

Rachel : Oui. J’ai eu un déclic récemment lors d’une conversation avec Paul Langlois (gestionnaire culturel) dans le cadre du Microprogramme de leadership artistique à l’École nationale de théâtre. Il m’a fait réaliser que le rôle d’une direction n’est pas ce que j’avais expérimenté auparavant, à savoir une direction générale qui embrasse toutes les responsabilités et délègue un peu par type de compétences à son équipe. Son postulat est au contraire que la direction générale est au service de son équipe et que son rôle est de les accompagner, de dénouer les problèmes qu’ils rencontrent, et de se rendre disponible pour les aider à accomplir leur mandat. Cette discussion a vraiment fait écho en moi et a clarifié mon rôle par rapport à l’équipe.

 La situation provoquée par la Covid a également eu un impact sur la façon dont j’entrevois mon rôle. J’ai réalisé, par exemple, qu’en fermant le bureau physique de la Machinerie l’environnement de travail impactait beaucoup notre dynamique de travail. Nous étions dans un espace ouvert, clairement trop petit, et dès qu’il y avait une question, elle m’était toujours adressée. Il ne pouvait pas y avoir de discussions entre deux personnes de l’équipe sans que la direction intervienne, ce qui me donnait le sentiment d’être constamment interrompue, de ne pas pouvoir me concentrer. Avec le télétravail, ces discussions-là peuvent avoir lieu sans que je sois impliquée. Cela fait qu’il y a une plus grande prise en charge des mandats par chaque personne de l’équipe. On a des réunions régulièrement pour échanger sur les projets, mais nous avons de plus grandes périodes de travail seul·e·s et une meilleure qualité de présence, il me semble.

Machinerie : Certains employeurs ont des réticences par rapport au télétravail et ont peur que cela ait un impact négatif sur le rendement et le travail. Toi, tu sembles à l’inverse n’y voir que du positif.

Rachel : Avant le contexte de pandémie, j’avais des craintes liées au télétravail, parce qu’on n’avait pas vécu collectivement cette expérience, donc on n’avait pas tous les outils pour ça. Au final, je pense que mes réticences étaient non fondées. Cela fait maintenant six mois qu’on travaille à distance, il faut attendre encore avant de faire le bilan du changement, mais pour l’instant, il y a pour toute l’équipe quelque chose de très positif dans cette expérience-là. On a mis en place des outils et des façons de travailler. Au début par exemple, on se rencontrait une fois par jour pour aborder un sujet spécifique (lundi : planification de la semaine, mardi : suivi des services, etc.) ; depuis peu, on a diminué à trois réunions par semaine. Il me semble essentiel d’avoir ces moments pour se retrouver, échanger sur ce que l’on fait, pour placoter d’autres choses aussi que du travail.

Machinerie : En tant que directrice générale, tu sembles avoir à cœur le bien-être des membres de ton équipe et leur développement personnel. Comment favoriser cet épanouissement dans ton équipe?

Rachel : Si leur épanouissement est une priorité, c’est parce que c’est aussi une priorité pour moi! Une des clés, je pense, est de favoriser les apprentissages et le développement de compétences dans d’autres domaines que le nôtre. Par exemple, à la Machinerie, certain·e·s d’entre nous œuvrent dans un milieu disciplinaire en particulier, mais nous sommes amené·e·s à travailler pour des artistes qui ont d’autres types de pratiques artistiques, ce qui est déjà une belle force de stimulation. Il me semble aussi important de développer la confiance dans son travail, dans sa capacité de gérer et mener à bien un projet, et de renforcer certaines habiletés et compétences. J’organise des rencontres de ressources humaines avec chaque membre de l’équipe une fois par an pour faire le bilan et voir pour la suite. Ce n’est sans doute pas assez, mais je pense que les canaux de communication sont ouverts, et que s’il y avait un enjeu ou quelque chose de majeur, la discussion aurait lieu en dehors de ces rencontres. 

Après, je pense qu’il faut accepter parfois qu’une collaboration puisse se terminer. Je vois un danger dans notre milieu à associer une personne à une organisation. Je crois fortement au renouveau des institutions. Je pense qu’à un moment donné ma responsabilité comme directrice va être de quitter pour laisser la place à quelqu’un d’autre. Alors, si je me permets d’avoir cette réflexion-là, il faut que chaque personne de l’équipe sente aussi qu’il va cheminer dans l’équipe de la Machinerie d’un point A vers un point B de sa carrière. Il faut prendre en considération les besoins de notre organisation, mais aussi ceux des personnes qui contribuent à son développement.

Machinerie : Pour finir, à ton avis, en quoi réside une bonne gestion des ressources humaines?

Rachel : Je dirais que la toute première chose est l’écoute. C’est difficile écouter, sûrement une des choses les plus difficiles qui existent, mais une des plus importante. Cependant, l’écoute n’est jamais suffisante, il faut, je crois, se baser sur notre intuition, car il y aura toujours des choses non dites, non verbalisées. Troisième chose, le temps. Ça prend du temps d’apprendre à connaître quelqu’un – se connaître soi-même constitue déjà tout un processus. Selon moi, pour une bonne gestion des ressources humaines, la direction devrait y consacrer environ 15 à 30% de son temps. En quatrième position vient l’agilité (le concept d’agilité dans le domaine de la gestion de projets comprend notamment la notion d’adaptation au changement et de remise en question constante des processus de façon à les améliorer). L’agilité dans le déploiement d’une organisation implique qu’il y ait également une agilité dans la gestion des ressources humaines qui peut être parfois un peu vertigineuse, mais qui me semble essentielle.

Machinerie : Le mot de la fin?

Rachel : Personnellement, je suis une jeune gestionnaire et je réalise que je n’ai pas vraiment de modèles de leadership au féminin de directrices de ma génération. J’aimerais être mentorée par une femme qui m’inspire! Le plus grand enjeu est donc à mon sens de trouver un style de leadership qui corresponde à sa personnalité, à sa génération. Et de toujours rester « agile ». J’aimerais, par exemple, être capable comme gestionnaire culturelle de relever le défi d’avoir une organisation qui se transforme pour être complètement inclusive. C’est une grande préoccupation pour moi et je sais que c’est moi qui doit être vectrice de changements en tant que direction, que je dois m’assurer d’avoir un comportement adéquat pour faire évoluer ces causes qui me tiennent à cœur. Dans le contexte de la Machinerie, nous avons fait le choix de réfléchir à tout cela en groupe et c’est une grande chance.

Rachel Billet s’intéresse aux modèles innovants d’organisation dans le secteur des arts vivants depuis sa maîtrise Métiers des arts et de la culture (Université Lyon 2) en 2007. Sa recherche de fin d’études sur la co-construction des espaces de diffusion à Montréal l’amène à rejoindre les membres de La 2e Porte à Gauche de 2010 à 2016, où elle assurera la Direction générale de l’organisme les trois dernières années. En parallèle, Rachel a exercé durant 8 ans au sein de cellules administratives de plusieurs organismes (à tour de rôle : Les éditions Esse, les Sœurs Schmutt, le festival OFFTA, l’Agora de la danse) et a assuré des mandats de consultation ponctuels auprès de nombreux artistes. Rachel connait bien les défis organisationnels des créateurs et des organismes culturels, la gestion de projets artistiques et s’inspire sur le terrain de la théorie de l’Acteur-réseau.

Cartographie des réseaux de diffusion

Cet article s’adresse aux artistes et compagnies de création et de production qui commencent leurs premières initiatives de tournée; où aux nouveaux arrivant·e·s qui souhaitent comprendre les rouages du milieu culturel québécois.

La diffusion est essentielle pour prolonger la durée de vie d’un spectacle et agrandir le rayonnement d’une compagnie. Dans un contexte de suroffre culturelle, il faut être stratégique : démarrer sa sollicitation en contactant les bonnes parties-prenantes, assembler du matériel promotionnel, établir un échéancier. Pour parvenir à susciter de bons résultats, il devient également vital de bien connaître les structures qui régissent le milieu. Celles-ci peuvent devenir des ressources-clés dans les efforts de diffusion d’un spectacle!

Les réseaux régionaux.

Afin d’assurer l’accès à une offre artistique de qualité et diversifiée, de nombreux diffuseurs se sont organisés en réseaux couvrant un territoire donné. Pour dresser un portrait de leur organisation et de leur place dans l’écosystème artistique, nous avons répertorié les principaux réseaux de diffusion régionaux couvrant un territoire donné du Québec, ainsi que certains réseaux francophones du reste du Canada.

Accès culture : Principal réseau établi sur l’Île de Montréal et certainement le plus diversifié en terme de population desservie. Accès culture regroupe les maisons de la culture disséminées sur les 19 arrondissements de l’Île. Il est géré par la Ville de Montréal.

• Regroupe 24 diffuseurs qui présentent événements et expositions artistiques dans plus de 60 lieux de diffusions

• Offre un programme de dépôt de projet en ligne qui permet aux artistes de soumettre leurs oeuvres à un grand nombre de diffuseurs et à certain projet de faire l’objets de tournées sur le territoire montréalais.

 

Association des diffuseurs culturels de l’Île de Montréal (ADICÎM) : Second réseau régional situé sur l’Île de Montréal, l’ADICÎM opère dans les municipalités reconstituées de l’ouest de l’Île.

• Regroupe 10 diffuseurs établis à Pointe-Claire, Côte Saint-Luc, Westmount, Montréal-Ouest, Kirkland, Dorval, Mont-Royal, Dollard-des-Ormeaux, Sainte-Anne-de-Bellevue et Beaconsfield.

• Réseau pluridisciplinaire qui participe activement au développement des arts de la scène et des arts visuels, mais dont le plus grand volume de projets diffusés sont en musique.

 

Conseil des Arts de Montréal en tournée : Programme offert en partenariat avec Accès culture et l’ADICÎM, permettant aux artistes sélectionnés de reprendre des oeuvres lors de tournées montréalaises dans les lieux de diffusion des deux principaux réseaux du territoire.

 

Réseau Scènes : Réseau Scènes couvre le territoire du grand Montréal et des régions avoisinantes.

• Regroupe 15 diffuseurs de Laval, des Laurentides, de Lanaudière, de la Montérégie, de l’Outaouais, ainsi qu’à Sainte-Geneviève.

• Réseau pluridisciplinaire spécialisé en théâtre de création (voir la note à la fin de l’article).

• Paroles de diffuseurs, paroles d’artistes : vitrine de discussion entre diffuseurs et artistes organisée à chaque automne. Cet événement permet à un diffuseur de vulgariser le travail et la vision d’un artiste avec qui il a travaillé auprès de ses collègues diffuseurs.

 

Réseau centre : Réseau centre couvre les régions du centre du Québec, principalement dans l’axe Montréal-Québec.

• Regroupe 23 diffuseurs des Cantons-de-l‘Est, de Chaudière-Appalache, de la Capitale-Nationale, du Centre-du-Québec, de la Mauricie et de la Montérégie.

• Réseau pluridisciplinaire spécialisé en musique (classique et autre) et chanson.

 

Réseau des Organisateurs de Spectacles de l’Est du Québec (ROSEQ) : Réseau régional opérant sur le plus grand territoire de la province, ROSEQ couvre presque toutes les régions à l’est de la ville de Québec.

• Regroupe 32 diffuseurs établis en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord, au Bas-Saint-Laurent, jusqu’à Lotbinière.

• Réseau spécialisé en musique et chanson • Fonctionne sur deux réseaux de diffusion parallèles :

• Réseau des salles : Saison régulière

• Réseau d’été : Petites salles saisonnières (300 places max.)

• Organise deux vitrines artistiques annuelles pour présenter des oeuvres aux diffuseurs, sur invitation :

• Rencontre d’automne : vitrine pour le réseau des salles et le réseau d’été

• Rencontre du printemps : vitrine pour le réseau d’été seulement

• Organise la tournée en cas de sélection dans la programmation.*

 

Objectif Scène : Objectif scène couvre la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

• Regroupe 7 diffuseurs pluridisciplinaires et 4 diffuseurs spécialisés (musique de création, blues & jazz et théâtre), dont certains appartiennent aux municipalités et gérés par leur service des loisirs.

• Réseau pluridisciplinaire spécialisé en musique de création et en humour *Certains diffuseurs d’Objectif Scène collaborent parfois aux tournées du ROSEQ.

 

Spectour : Ce réseau régional de diffusion couvre la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

• Regroupe de 9 lieux de diffusions appartenant aux municipalités et qui sont gérés par leur service des loisirs

 

Diffusion Inter-Centres : Diffusion Inter-Centres est un réseau interrégional regroupant des diffuseurs établis dans plusieurs grands centres du Québec.

• Regroupe 14 diffuseurs établis à Drummondville, Gatineau, Granby, Joliette, Sainte-Thérèse, Laval, Québec, Saguenay, Sherbrooke, Saint-Hyacinthe, Saint-Jérôme, Terrebonne, Trois-Rivières & Victoriaville, dont les salle ont plus de 750 sièges.

• Organise ou facilite parfois des tournées entre les diffuseurs qu’il regroupe.

Les réseaux canadiens francophones.

La diffusion francophone ne se limitant pas au Québec, il existe des réseaux de diffusion ailleurs au Canada qui ont pour mission de programmer des artistes d’expression française.

 

Réseau Ontario : Ce réseau vise à diffuser les artistes franco-ontarien, ainsi que les artistes francophones en général.

• Regroupe 36 diffuseurs pluridisciplinaire établis dans trois secteurs distinct : l’est, le nord et le sud de l’Ontario

 

Réseau atlantique de diffusion des arts de la scène (RADARTS) : RADARTS couvre le territoire des provinces atlantiques et a pour mission de valoriser et et promouvoir les artistes acadiens et francophones.

• Regroupe 41 diffuseurs pluridisciplinaires et spécialisés établis au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et aux Îles-de-la-Madeleine.

• Réseau pluridisciplinaire spécialisé en musique et en humour francophone.

 

Réseau des grands espaces : Le Réseau des grand espaces est un réseau de diffuseurs d’expression française couvrant tout le territoire à l’ouest et au nord de l’Ontario.

• Regroupe 76 diffuseurs établis au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta, en Colombie-Britannique, au Yukon, au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest.

Réseaux et associations disciplinaires.

Bien que la majorité des diffuseurs québécois fassent partie d’un des nombreux réseaux territoriaux, il est important de souligner la présence parallèle de plusieurs réseaux dits « disciplinaires », qui regroupent des diffuseurs spécialisés dans une discipline précise. Avec les nombreuses associations disciplinaires qui travaillent au développement de la diffusion de leur secteur, ces réseaux spécialisés complètent le coeur de l’écosystème de la diffusion au Québec. Voici quelques exemples de réseaux disciplinaires et d’associations qui travaillent directement au développement de la diffusion de la discipline qu’ils représentent (à noter qu’il en existe bien d’autres).

 

Les Voyagements : Réseau de diffusion regroupant 47 diffuseurs spécialisés en théâtre de création pour adulte.

 

La danse sur les routes du Québec (DSR) : Organisme oeuvrant auprès des compagnies et des diffuseurs afin de développer la diffusion de la danse par des vitrines, l’enrichissement des connaissances et autres événements de diffusion.

 

CanDanse : Réseau national voué à la création et à la diffusion de danse contemporaine regroupant 46 diffuseurs à travers le Canada.

 

Conseil québécois de la musique (CQM) : Regroupement d’artistes et organismes issus domaine de la musique de concert ayant pour mission de développer le secteur par de la formation et l’offre d’une vitrines artistiques en ligne, Circulation de la musique.

Les clés de la diffusion.

Avec ces informations en main, il devient plus facile pour un·e artiste ou compagnie de cibler quels réseaux de diffusion sont les plus appropriés pour leur pratique. Ceci dit, il ne suffit pas simplement de frapper aux portes du bon diffuseur pour immédiatement intégrer sa programmation. La qualité de son offre artistique, le matériel promotionnel soumis, ainsi que la relation interpersonnelle qu’on entretient avec les diffuseurs sont toutes aussi essentiels. De plus, il faut garder à l’esprit les réseaux de diffusion ont eux-même comme mission de répondre à la demande artistique propre aux populations qu’ils desservent. Il doivent composer en partie avec des impératifs qui leur sont imposés par le public. Somme toutes, c’est en établissant un échéancier et une stratégie de sollicitation qu’on augmente ses chances de rejoindre de nouveaux publics et d’étendre ses activités.

N. B. : Les information partagées dans cet article sont tirées directement des sites des des organisations décrites, ainsi que des documents compilés par la Machinerie avec l’aide de ressources reconnues dans le milieu.